Action politique

Panel d'administration

Nous ne parlons pas ici d'un mouvement, ou tout du moins pas encore.

Nous aimerions que cela le devienne, ou que l'idée dont il est question ici

soit reprise par des mouvements tels que ceux que nous avons présentés...

 

Nous espérons que cette idée vous inspirera
et que vous contribuerez à sa diffusion !

La monnaie du bien commun

« Le bien commun doit avoir sa monnaie »

Vidéo de présentation : Solution Monnaie-Terre  Synthèse du principe

Mémoire déposé à la convention pour le climat  Cyber@Action

Découvrez l'appel des Éconologistes  Manifester votre intérêt

Livre : Une Monnaie au Service du Bien Commun

 

Il s'agit, comme le titre l'indique, de donner une monnaie au Bien Commun !

 

Introduction

La crise du coronavirus que le monde a connu en 2020 a mis en lumière combien le modèle économique que les sociétés humaines ont construit était fragile et non résilient. Il a suffi de ce minuscule grain de sable pour arrêter durablement la machine producto-consumériste hyper efficiente qui faisait notre orgueil. Ce fut la stupeur et l’heure des prises de conscience. Il est ainsi devenu évident, même aux élites gouvernementales qui hier ne voyaient d’avenir que dans l’amélioration incessante des performances de la machine, que le monde d’après ne pourrait plus être comme le monde d’avant.

 

 

I - Le piège du système monétaire

Seulement voilà ; quelles que soient nos bonnes intentions, pouvons-nous faire autrement qu’avant ? Car nous devons tous « gagner notre vie » et gagner notre vie c’est devoir gagner de l’argent. Comment donc gagner de l’argent autrement qu’avant ?

 

La monnaie de nos jours, depuis quelle a abandonné toute forme de matérialité, est une simple écriture comptable créée par le système de banques de droit privé en contrepartie d’une dette. La monnaie qui circule dans le monde est ainsi constituée par l’ensemble des crédits qui ont été accordés aux uns et aux autres. Si toutes les dettes étaient remboursées dans l’instant, il n’y aurait plus un sou vaillant en circulation.

 

 

1 - La privatisation de la monnaie

Comme nous le soulignons, c’est le système de banques commerciales qui détient ce pouvoir de création monétaire. Les banques centrales ne font qu’encadrer à posteriori le système par le moyen des réserves obligatoires et des taux directeurs.

 

Or, toute entreprise privée n’existe que si elle réalise un profit. Faute de cela elle doit être recapitalisée ou faire faillite. Comme le pouvoir de création monétaire est privatisé, seuls les projets et activités rentables financièrement sont éligibles, condition incontournable pour que les emprunteurs aient la capacité de rembourser leur crédit.

 

Une croyance forte assez globalement partagée dans la pensée des élites persiste, celle de supposer qu’il suffit de « verdir » l’économie en favorisant des solutions telles que la voiture électrique, l’éolien ou encore le photovoltaïque… Pourquoi ? Parce que ces pistes créent de nouveaux marchés rémunérateurs. Mais qu’en est-il par exemple du respect de la biodiversité, de la régénération des sols, de la protection des ressources naturelles ? Là, on reporte à plus tard! car ce serait remettre en cause le modèle de l’agro-business auxquels sont liés tant d’intérêts directs et indirects. Seul le Bio intensif, faux nez d’une agriculture paysanne se confectionne un nid dans le paysage parce que les marges à la distribution sont grasses et parce qu’il permet de se créer une belle image « responsable ».

 

De ce fait l’immense champ des activités non rentables par nature, comme l’éducation de nos enfants, la santé publique, la justice, la sécurité territoriale, la préservation du Vivant etc, que nous appellerons ici « Bien commun » est exclu du financement direct par les banques. Celui-ci doit trouver ses ressources indirectement, par redistribution, c’est à dire en puisant dans les recettes fiscales tirées des revenus de tout un chacun.

 

Sous l’angle comptable à partir duquel tout est apprécié en économie, il y a donc d’un côté les activités qui produisent de la « richesse », celles qui génèrent des profits financiers, et de l’autre, celles qui ont certes une utilité sociale mais qui ne sont que des dépenses. Ce point est extrêmement important car il induit dans nos esprits une définition limitée de la richesse. Le traitement du Bien commun devient alors un sous-produit de l’activité marchande, sous-produit dont il faut réduire le poids pour maintenir le haut niveau de compétitivité qu’exige le contexte d’une économie mondialisée où s’affrontent des pays très inégalitaires. Notons que le dumping fiscal fait partie de la boîte à outils utilisée pour gagner en compétitivité mais il engendre des pertes de recettes que les États doivent compenser en s’endettant sur les marchés.

 

 

2 - La croissance

Une deuxième conséquence découle de la privatisation du pouvoir de création monétaire : l’intérêt ! Il assure la rémunération de la banque et couvre le risque d’impayés. Mais l’intérêt n’est pas monétisé avec le capital. L’emprunteur doit donc générer le revenu supplémentaire pour y faire face au fil du temps. Si vous regardez la photographie globale de la dynamique, vous constaterez qu’il y a moins d’argent mis sur la table qu’il n’est demandé en retour. Une impossibilité arithmétique qui n’est rendue contournable qu’en faisant grossir le flux de la monnaie au fil du temps, principe autrement appelé « croissance ». Mais cette course au toujours plus, mieux ou différent, nécessairement nourrie par des activités rentables, pousse à s’embourber dans une forme de progrès dont les effets secondaires se révèlent de plus en plus nuisibles à la santé humaine et destructeur du Vivant. Les crises auxquelles nous faisons face nous en offrent la preuve, sauf de se réfugier dans le déni.

 

 

3 – Un endettement insoutenable

Une troisième conséquence conduit à un endettement public et privé insoutenable. Comment cela pourrait-il en être autrement dès lors que la monnaie n’existe qu’adossée à une dette ? Au plan mondial on est aux alentours de 250.000 milliards de dollars US soit à peu près 3,5 fois le PIB mondial. À noter que ce chiffre ne tient pas compte de la bombe à retardement que représentent les produits dérivés estimés à plus de 600.000 milliards de dollars. Or, avec les programmes de soutien aux entreprises et aux personnes engagés pour survivre le temps de la crise sanitaire on va se retrouver avec:

- Une dette publique qui aura explosé.

- Un nombre important de faillites d’entreprises, qui, malgré les aides et les prêts bonifiés, ne survivront pas au temps qu’il faudra pour retrouver l’équilibre.

- Une demande forte de moyens nouveaux demandés aux États pour accompagner les entreprises dans leur « renaissance » et pour valoriser et développer les services qui se sont révélés essentiels à la survie pendant la crise du Covid-19. En plus de tout cela devront s’ajouter les investissements considérables à engager pour répondre à la crise écologique et climatique.

 

Comment cela pourrait-il être envisagé dans le cadre d’une économie chancelante, peinant à recouvrer ses forces à la suite du K.O encaissé, alors même que le niveau d’endettement public et privé était déjà jugé insoutenable avant la pandémie ?

 

 

II - Piste de solution transitoire

La crise du coronavirus aura au moins eu un bénéfice de taille. Elle aura mis en lumière que le champ du Bien commun s’est révélé être la planche de salut pour la survie de nos communautés. Ce qui représentait hier une dépense et par conséquent était de moins en moins bien traité est apparu être une richesse fondamentale sans l’existence de laquelle la société ne pourrait exister.

 

L'avenir de l'humanité dépend donc de sa capacité à passer d'un mode de vie régulé par l’accès à une monnaie rendue sélective par son adossement à une dette à un mode de vie régulé par ce que la planète peut offrir sans en souffrir. Le problème est donc de parvenir à assurer une suffisance digne aux milliards de terriens tout en rendant globalement compatibles leurs productions et consommations avec ce dont la planète a elle-même besoin pour exprimer le Vivant.

 

 

1 - De la redistribution à la création

Sacré pari, mais c'est possible ! Il suffit de sortir de la logique de redistribution et d'entrer dans celle de la création. Concrètement, cela revient à autonomiser l’espace économique à finalité de Bien Commun, maintenant reconnu comme richesse prioritaire. Il deviendra donc complémentaire au système marchand et non dépendant de lui. Il regroupera les activités qui par nature n’ont pas une finalité de profit financier, mais celle de bénéfice sociétal telles que la santé, l'éducation, la recherche fondamentale, la justice, l'eau, la transition écologique... Cet espace dédié au Bien commun, régi par un statut juridique spécifique, n'obéira donc pas à une finalité de profit financier ou d’équilibre comptable mais à celle que nous appellerons ici le bénéfice éco-social (l'atteinte des objectifs éco-sociaux visés). Son financement ne sera assuré ni par l'impôt, ni par l'emprunt, mais par l'utilisation d'une monnaie de Bien commun complémentaire à la devise nationale, créée par un organisme public sous mandat et contrôle citoyen, en contrepartie de projets validés par votations à la suite de débats tenus au niveau local, régional ou national au sein d’assemblées délibératives constituées de citoyens tirés au sort.

Comprenons que dans ce schéma, le « pourquoi » conditionne le « moyen ». Dans ce nouveau modèle, on exclue de la réflexion l’aspect financier, on élargit considérablement la palette des possibles, on examine les choses au fond sans frein selon le principe que :

- Si un projet à finalité de Bien Commun est collectivement souhaité et que la volonté de le réaliser est là.

- Si les connaissances du moment, les moyens techniques et énergétiques disponibles permettent d'y répondre.

- Si l'empreinte écologique prévisible est compatible avec les normes internationalement admises.

- Si les savoirs-faire et les ressources humaines nécessaires sont disponibles grâce au fait, entre autres, que le monde de la production a de moins en moins besoin de main d'œuvre.

- Si le projet ne se fait pas au détriment d’autres peuples.

Alors rien ne s'oppose à sa mise en œuvre car dans ce cas de figure c'est la faisabilité du projet qui conditionne la création monétaire au niveau nécessaire à sa réalisation et non l'importance du financement (quand on peut le trouver) qui conditionne le projet.

 



2 - Conditions de mise en œuvre

1. Le parlement des pays qui adoptent cette méthode donnent cours légal à cette monnaie complémentaire intérieure afin que quiconque sur le territoire ait obligation de l'accepter en paiement.

2. Elle n'a cours qu'à l'intérieur du territoire national. Par exemple, au sein de la zone euro, tous les pays appartenant à cette zone ont pour devise marchande commune l'euro, mais chaque pays de la zone a sa propre monnaie complémentaire. De même au Canada, toutes les provinces ont en commun le dollar canadien pour monnaie marchande, mais chaque province adopte sa propre monnaie complémentaire si elle le souhaite, lui permettant ainsi de conduire librement sa politique éco-sociale.

3. Elle n'est pas convertible (sauf quelques rares exceptions encadrées); elle n'a donc pas d'effet sur le cours de la devise nationale.

4. Elle est à parité de pouvoir d'achat avec la monnaie marchande : Une unité de monnaie complémentaire = une unité de la monnaie marchande, de sorte que les échanges économiques à l'intérieur du territoire peuvent se faire indifféremment avec l'une ou l'autre monnaie.

5. Elle est fléchée. Pour ne pas affecter le commerce extérieur, mais surtout pour orienter progressivement la production et la consommation vers un modèle respectueux du Vivant sous toutes ses formes, on ne peut acquérir avec la monnaie complémentaire (sauf exceptions encadrées), que des biens et services produits sur le territoire de façon responsable. Un label spécifique permet leur repérage. Cela peut être perçu comme restrictif et désavantageux pour les personnes dont les revenus sont exclusivement en monnaie complémentaire. C'est toutefois plus avantageux que de toucher des minima sociaux et indispensable à la création d’une dynamique d’avancées sociales et écologiques. Notons enfin que cette exigence favorise la relocalisation de productions abandonnées, dans des conditions sociales et environnementales respectueuses. Un avantage pour tous en fin de compte.

6. Une fiscalité à vocation de régulation de la masse monétaire. Pour éviter l’inflation que pourrait entraîner l’accumulation de monnaie puisqu’elle ne se trouve plus reliée à une dette, une fiscalité à définir s’applique aux transactions payées dans cette monnaie. Comprenons que dans ce schéma il n’est plus nécessaire de constituer une ressource à redistribuer. On pourrait se dire que la fiscalité devient inutile. Mais il faut trouver un moyen pour détruire la monnaie si on veut écarter le risque d’inflation.

7. Un débat public et un démarrage sur base volontaire. Pour que cette initiative porte ses fruits elle ne doit pas être imposée mais au contraire souhaitée par la population. Sa mise en œuvre donne lieu à une longue période de débat public préalable pour en rendre les avantages perceptibles à tous. À la fin de la période elle doit faire l’objet d’un referendum populaire et si elle est acceptée, sa mise en service doit être progressive sur base de volontariat au départ dans une dynamique de montée en puissance année après année.

8. Définir les critères permettant la labellisation. La première étape, une fois la démarche engagée, consiste à définir les critères sociaux et environnementaux permettant la labellisation des produits et services accessibles en monnaie complémentaire. C’est à une assemblée de citoyens tirés au sort que revient la légitimité de ce processus, dont les conclusions doivent être validées par referendum. Il est probable qu’au départ, en raison de la mondialisation des échanges et des pratiques de production courantes, les exigences éco-sociales ne puissent pas correspondre à ce qui serait souhaitable dans l’idéal. Il faudra donc bien prendre en compte l’état des lieux pour ajuster les critères d’exigence à la réalité du terrain dans une dynamique d’amélioration progressive au fil du temps. Des objectifs secteur par secteur seront précisés et les critères de labellisation revus à la hausse régulièrement. Avant la mise en service du dispositif, il conviendra de vérifier que la gamme des produits et services labellisés couvre tout ce qui est essentiel à la vie au quotidien.

 

 

3 - Avantages

1. En règle générale la mise en œuvre d'une réforme, même globalement positive, contrarie toujours certains intérêts. Ici tout le monde gagne. Le changement ne se fait au détriment de personne. Il n'y a pas de déclaration de guerre ; il y a plantation d'un arbre qui, tout en offrant des fruits pour l'urgence, garantit un avenir de mieux-être pour tous au fil de sa croissance. Car la croissance s'appuie cette fois sur la reconnaissance prioritaire du qualitatif reconnu comme richesse et plus seulement du quantitatif.

2. C’est une décision de politique intérieure. On fait ainsi l'économie d'une interminable renégociation des traités et accords internationaux qui n'aurait d'ailleurs aucune chance d'aboutir. Cela permet de pouvoir répondre à l’urgence. Une volonté politique forte doit toutefois être marquée par la première nation qui s’engagera sur ce chemin; car nul doute que cela risque d’être considéré comme un coup de canif inadmissible dans les règles du jeu. Mais il ne s'agit pas de « tricher » pour en tirer un quelconque avantage compétitif. Il s'agit d'ouvrir une voie pour un mieux-être pour tous et de l’offrir en exemple. Les peuples le comprendront et plutôt que de s’y opposer ils demanderont à aller dans le même sens.

Ces deux premiers avantages sont considérables, car ils rendent le projet réalisable sans autre barrière que la volonté de le mettre en chantier. Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin :

3. La question récurrente de l'emploi trouve enfin sa solution. Le champ des activités porteuses de qualité de vie, pour le moment restreint, s'élargit considérablement. Le Bien commun, une fois libéré de la laisse qui le conditionne aux exigences, performances et retombées fiscales de l’économie marchande offre potentiellement, non plus un emploi, mais une large gamme d’activités utiles, rémunératrices et épanouissantes.

4. La pleine reconnaissance d'un espace dont la finalité est purement qualitative tire la société vers le haut. Elle modifie les attitudes, les relations et la demande, de sorte que le secteur marchand lui-même est entraîné sans heurt dans une spirale vertueuse, ne serait-ce que pour répondre à cette demande.

5. Les vraies questions de société ne sont plus pensées en fonction des budgets disponibles ou des intérêts commerciaux, mais en fonction de ce qui est souhaité idéalement. Imaginez un instant comment pourront évoluer les débats si les aspects purement économiques et financiers sont exclus des réflexions portant par exemple sur l'enseignement, la santé, l'énergie, l'écologie...

6. La qualité de vie des peuples ne dépend plus de l'exploitation de leurs ressources naturelles et de leur commerce. Les nations peuvent parvenir rapidement à un indice élevé de BIB (bonheur intérieur brut) dans le respect de leur culture et de leurs traditions. Les problèmes liés aux mouvements migratoires disparaissent car, si les conditions de vie deviennent agréables chez soi, pourquoi voudrait-on partir à moins de le choisir pour des motifs plus glorieux que de protéger sa vie ?

7. Mondialisation et souveraineté en sortent réconciliés. Chaque peuple retrouve la possibilité de déterminer et d'appliquer par lui-même et pour lui-même la recette de sa qualité de vie. Libérées de l'aiguillon de la nécessité et de l'obligation de marchandage les relations internationales s'en trouvent pacifiées, car portées sans arrière-pensée par le seul désir de prendre soin les uns des autres et de notre vaisseau spatial commun, la Terre.

8. La démocratie représentative évolue vers une démocratie participative car cet espace ne peut exister sans un débat public ouvert et permanent pour définir les besoins éco-sociaux et y répondre dans une logique de subsidiarité.

9. Les prix cachés reliés à ce qu’on appelle les « externalités négatives » qui fragilisent la santé, diminue l'espérance de vie pour beaucoup, augmente la violence à tous les niveaux et sous toutes les formes, favorisent les sauve-qui-peut dans la drogue, le vol, la corruption... se trouvent naturellement allégés, dès lors que chacun, recevant un revenu qui lui assure la suffisance dans la dignité, peut se sentir intégré et reconnu dans une société à laquelle il a plaisir à participer utilement.

 

 

III - Alternative possible

Notre proposition préconise une monnaie nationale car elle doit avoir cours forcé pour que tout un chacun ait obligation de l’accepter. Émettre une monnaie n’est pas chose difficile, la faire accepter est une tout autre affaire car si on accepte une monnaie en paiement, c’est parce qu’on sait qu’on va pouvoir, à notre tour, l’utiliser en paiement. Faute d’avoir cette garantie, on la refuse. Ce n’est pas l’existence d’une monnaie qui lui confère sa valeur, c’est son acceptation.

Ainsi, dans l’idéal, nous pensons qu’il serait préférable que chaque région ait sa monnaie complémentaire car c’est au plus près du terrain que l’on peut faire les choix les plus pertinents. Les défis ne se présentent pas de la même façon, sous la même forme, dans le même ordre des priorités selon le lieu où on se trouve. Le débat et les décisions doivent donc partir du local et imaginer des monnaies régionales échangeables entre elles via une chambre de compensation nous semble plus judicieux même si cela entraîne un plus haut niveau de complexité. Cette option reste ouverte…

 

 

IV - Conclusion

Nous n’entrerons pas plus dans les détails car il s’agit ici de tracer les grandes lignes d’une route que seule la nation à légitimité de vouloir emprunter et définir précisément. Il est certain que cette proposition sort largement du connu. Mais comme nous le disions en introduction, il n’y a pas de réponse satisfaisante aux défis de notre temps à l’intérieur de la logique économique et financière qui préside à notre destin commun. Albert Einstein le rappelait : « On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée que celui qui l’a créé ».

Nous ne nous présentons pas en détenteurs la vérité, nous disons que cette voie permettrait d’engager résolument les actions que nous repoussons toujours à plus tard depuis près de 40 ans et dont nous payons régulièrement le prix. Alors, plutôt que de chercher les raisons pour lesquelles cela ne pourrait pas marcher, mettons à l’étude cette piste, ouvrons-la au débat, et si elle n’aboutit pas sous cette forme, au moins aura-t-elle été le prélude à un autre modèle qui émergera du débat, porteur de réconciliation des humains avec eux-mêmes et avec le Vivant.

 

 

Foire Aux Questions

Cliquez sur les bandeaux bleus ci-dessous pour afficher les textes.

1 - Pourquoi une monnaie complémentaire ? Ne peut-on faire la même chose avec la seule monnaie nationale ?

On peut effectivement penser qu’introduire une monnaie complémentaire complique les choses. Pourquoi ne pas faire pareil avec la seule monnaie nationale en agissant de façon que la Banque centrale alimente sans dette un fond dédié au financement des projets éco-sociaux votés démocratiquement ? Sur le plan purement technique ce serait possible. Ne parle-t-on pas de plus en plus de « money for people » « d’helicopter money » ? Cependant :

- Nous l’avons souligné, cela suppose des négociations qui risquent fort de prendre des années, voire de ne jamais aboutir. L’urgence des défis invite à trouver des solutions qui relèvent de la seule volonté politique nationale.

- Le fléchage vers des produits et services socialement et écologiquement responsables est indispensable si on veut aller vers un monde de suffisance pour tous respectueux du Vivant. Ce fléchage ne nous semble pas réalisable dans un système à monnaie unique.

- Une monnaie complémentaire offre un signe symbolique visible d’engagement citoyen. C’est un facteur de lien social, une marque visible du choix d’un peuple pour un devenir dont la monnaie est le drapeau. Avec une seule monnaie, tout est noyé, diffus, l’action perd de sa puissance.

2 - En quoi cette proposition permet-elle de réconcilier l’intérêt particulier avec l’intérêt collectif ?

Si on veut vraiment créer les bases d’un monde durable et équitable, il n’y a pas d’autre moyen que de libérer le potentiel de l’intelligence humaine de la prison comptable qui l’enferme et le conditionne. Mais il ne suffit pas de le dire pour le faire.

Le nouvel espace que nous venons de décrire fonctionne sur une logique qui est aux antipodes de celle qui régit nos sociétés actuellement. On ne peut pas d’un claquement de doigts remplacer un système par un autre.

En revanche, défricher et planter un nouveau champ en complément de l’existant ouvre de vastes horizons. L’humanité a exploré deux voies : Le collectivisme qui au nom de l’intérêt collectif a broyé l’individu et le capitalisme qui au nom de l’intérêt privé tue son espace vital. Dans l’un et l’autre cas le Bien commun et l’intérêt privé se contrarient. Ce constat n’invite-il pas à explorer une nouvelle voie, celle ou l’intérêt particulier et l’intérêt collectif sont réconciliés par le fait de les mettre en complémentarité ?

Tant que le collectif restera financé par la fiscalité, par conséquent en totale dépendance des performances de l’économie marchande et de ce qu’elle consent à lui reverser, il ne pourra pas être traité comme le réclame le défi actuel. C’est cela que permet l’ouverture de ce nouveau champ économique. D’un côté l’intérêt privé est servi par l’économie marchande, financé par les devises internationales, de l’autre le Bien commun est traité et financé de façon autonome par une monnaie complémentaire nationale dont le collatéral n’est pas une dette mais la réalisation des projets éco-sociaux choisis démocratiquement. Chaque espace soutient l’autre au lieu de s’y opposer.

3 - Comment peut fonctionner un système à double monnaie ?

Les économistes vous diront qu’un système où circulent deux monnaies ne fonctionne pas car la loi de Gresham affirme que « la mauvaise monnaie chasse la bonne ». Sans doute est-ce vrai lorsque les monnaies sont en compétition, mais ici on est dans un contexte inédit où elles sont en complémentarité. Prenons un exemple pour voir comment les choses peuvent fonctionner :

Imaginons qu’il soit décidé d’aller vers un nouveau modèle agro-alimentaire libéré de sa dépendance aux énergies fossiles et intrants chimiques. C’est un tout autre métier qui est demandé là à nos agriculteurs. Tous ne seront pas appelés à le faire simultanément pour ne pas créer des ruptures et des blocages. Le moment venu, leur reconversion entraînera nécessairement une baisse de leur production ne serait-ce que par les surfaces qu’il faudra mettre en jachère pour les régénérer et par les aménagements à opérer pour recréer un écosystème vivant. Cela prendra plusieurs années. Parallèlement, il faudra mettre en place un programme de formations.

La perte de revenu d’un côté et les dépenses nouvelles de l’autre sont couvertes en monnaie de Bien commun ainsi que la rémunération de tous les acteurs d’accompagnement tels que les personnels de formation. Pendant le processus de reconversion la production et sa vente restent dans la champ de l’économie marchande, seules les dépenses directes et indirectes liées au processus sont couvertes en monnaie complémentaire.

Une fois la reconversion terminée, au bout de quelques années, quand l’agriculteur peut de nouveau vivre pleinement de son activité maintenant labellisée, le soutien en monnaie complémentaire s’arrête. Le même principe s’applique tout au long de la chaîne de transformation jusqu’au point de vente. Le produit à la vente est éligible au label si toute la chaîne s’est organisée pour répondre aux critères définis. À l’achat, le produit peut être payé indifféremment en monnaie nationale et en monnaie complémentaire. Les deux monnaies se retrouvent donc dans la caisse des commerçants. Que vont-t-ils faire de la monnaie complémentaire ? C’est laissé à leur libre choix : payer une partie des salaires, régler des factures fournisseurs, payer leur loyer, l’électricité, régler leurs taxes, etc... avec une seule règle à observer : effectuer les paiements dans les deux monnaies au pro-rata du chiffre d’affaire réalisé dans chacune d’elle. Les deux monnaies circulent ainsi dans la communauté et se retrouvent dans les poches de toutes les entreprises et de tous les citoyens. Le cours forcé donné à la monnaie complémentaire donne à tous la garantie de son acceptation, ce n’est qu’au stade de la consommation que son utilisation est limitée à ce qui est labellisé.

Il n’est pas nécessaire de tenir une double comptabilité. Tout est facturé et comptabilisé en monnaie nationale. La distinction n’est faite qu’au niveau bancaire où un compte supplémentaire est ouvert pour gérer spécifiquement les mouvements en monnaie complémentaire. C’est par simple comparaison des volumes portés au crédit des comptes en monnaie nationale et du compte en monnaie de Bien commun que l’on détermine le prorata de paiement. Si une taxe particulière s’applique à cette monnaie, c’est au niveau bancaire qu’il en sera tenu compte.

4 - Créer de la monnaie doit entraîner de l’inflation voire de l’hyper inflation, comment l’éviter ?

Nous savons que dès qu’on parle de création monétaire on croit assez spontanément que cela va créer de l’inflation selon la théorie monétariste qui pré-suppose que la monnaie n’est qu’un voile neutre dont la seule conséquence est de générer de l’inflation si elle est en surabondance dans la société. Cette assertion était probablement vraie à l’époque où la demande était supérieure à l’offre ; toute augmentation de la masse monétaire face à une production insuffisante entraînait donc naturellement une augmentation des prix. Il est certain, et c’est le but d’ailleurs, que l’introduction d’une monnaie complémentaire va augmenter le volume de monnaie. Pourquoi ne sera-t-elle pas un facteur d’inflation ?

- Il y a un besoin de monnaie. Si tel n’était pas le cas, les États n’auraient pas besoin de recourir à l’emprunt pour compenser leur déficit. La monnaie de Bien commun permet simplement de donner accès à cette ressource sans avoir à s’endetter.

- Si la monnaie était en suffisance, les États se désendetteraient. Or la tendance générale est à un accroissement de la dette publique. Les échéances sont certes payées mais en faisant « rouler la dette », autrement dit en empruntant les sommes dues.

- Depuis une bonne dizaine d’années, c’est en déversant des milliers de milliards que les banques centrales de nombreux pays on tenté de soutenir l’économie sans que cela génère une quelconque inflation.

Mais soyons bon prince, disons que tout cela est conjoncturel et que le risque demeure. Comment l’évite-t-on dans ce modèle ?

- Nous l’avons souligné nous utilisons la fiscalité comme moyen d’ajustement de la masse monétaire en lui donnant comme but de détruire la monnaie en excédent. Mais en plus :

- Sauf crise grave, l’outil de production mondial est aujourd’hui très réactif et s’ajuste à la demande en quasi temps réel. Dans ces conditions aucune inflation n’est à craindre.

- Elle ne peut être qu’un choix politique. Imaginons un pays avec un budget de 100 milliards. L’introduction d’une monnaie complémentaire de Bien commun lui permet par exemple de payer la fonction publique à 75% en monnaie complémentaire; disons 10 milliards. Cela revient à augmenter le budget de l’État de 10%. Ces 10 milliards supplémentaires, sans dette associée, ne font que donner une bonne bouffée d’air frais pour répondre aux défis que nous avons décrits plus haut.. Les 10 milliards en monnaie nationale, autrefois affectés au paiement de la fonction publique offrent la liberté d’être utilisés autrement : rembourser une partie de la dette en capital, s’il y a du chômage engager des travaux où passer des commandes à l’économie génératrices d’embauche, diminuer les impôts… Bref, de nombreux moyens existent non générateurs d’inflation. Compte tenu des défis que nous avons à relever, oui, nous avons besoin de monnaie sans dettes supplémentaires. La question réside plus dans la contrepartie de la monnaie créée que dans le risque d’inflation.

- Comprenons également que dans l’espace du Bien commun il y a des activités traditionnelles telles que la fonction publique en général. Leur financement en monnaie complémentaire va dégager son équivalent en monnaie nationale qui pourra être utilisé comme nous venons de l’exposer. Mais les activités nouvelles de réorientation trouveront nécessairement leur limite dans le bassin de main d’œuvre disponible : les demandeurs d’emplois et les effectifs que l’amélioration des technologies libéreront dans le secteur marchand. Or la monnaie n’est pas émise à priori comme le font les banques centrales dans le cadre des Q.E (Quantitative Easing ou Assouplissement Monétaire) mais en contrepartie de projets concrets. La monnaie ne conditionne pas le projet, le projet conditionne la monnaie ce qui limite considérablement le risque d’inflation.

 

 


L'objectif dans un premier temps est de faire de cette idée un vaste mouvement citoyen. Pour cela nous vous invitons à la propager autour de vous sans oublier les média si vous y avez vos entrées, vos élus locaux et régionaux si vous en connaissez et les grandes organisations citoyennes, du genre de celles dont il est question dans cette section d'actions politiques et citoyennes. N'oublions pas que le plus puissant groupe de pression reste le peuple lui-même, à nous donc de savoir ce qu'on veut !

 

Dans la vie il n'y a pas de solutions, il y a des forces en marche. Il faut les créer et les solutions suivent. Créons-les !
Antoine de St Exupéry - Terre des Hommes

 

 

 

 

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Couverture du livre

 

Une monnaie au service du Bien commun (Ed. Yves Michel 2017)
Libérer l'intérêt collectif du carcan de l'économie marchande
Avec les défis environnementaux et humains à relever, avec la montagne de dettes publiques et privées
qui empêchent d'imaginer toute dépense supplémentaire, on se demande bien comment on peut s'en sortir.
Pourtant, en moins de deux décennies il serait possible de réaliser un monde de suffisance pour tous sur la Terre,
respectueux des équilibres nécessaires à la Vie.
Et ceci sans impôts supplémentaires et sans emprunt ! ...

 

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Les livres de Philippe Derudder

 

 

 

Annexes à télécharger

 

Proposition de mesures pour la création d'un espace économique sociétal, financé par une monnaie complémentaire de Bien Commun.

Mise en oeuvre de la Monnaie du Bien Commun (18 pages)

Un projet de monnaie nationale complémentaire en Écosse : Le ScotPound (en anglais)

Proposition à European Citizens Bank